Jean Plantu : « Il faut partager nos valeurs »
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Quel est votre regard sur Arras ? Comment la connaissez-vous ?
« J’ai eu la chance de venir plusieurs fois à Arras j’ai pu admirer la place des Héros avec ses maisons à pignons et le Beffroi bien sûr. J’ai l’habitude d’aller dans le nord de la France et également en Belgique. Je connais bien tous les beffrois de la région et celui d’Arras est un des plus beaux : de la dentelle, de l’élégance et de la dignité. Plus récemment j’ai visité la Carrière Wellington et cela m’a fait réviser mes connaissances sur La Première Guerre mondiale. J’avais oublié (et je m’en veux) tout ce que nous devons à nos amis Britanniques et Néo-zélandais en 1917. »
Au lendemain de l’attentat contre Dominique Bernard, vous avez réalisé une œuvre valorisant arras et l’école. Comment est venue cette inspiration ?
« Comme souvent dans le dessin, il suffit de se laisser guider par son émotion et son imagination : d’abord reprendre un symbole fort qui représente la ville, le Beffroi, passer du temps à mettre en valeur sa magnifique architecture sans oublier les détails les voûtes des maisons alignées Place des Héros. Et puis, à partir de cette image, ajouter un proposition éditoriale au travers des petites écoles en parachutes. Je suis persuadé que face aux tsunamis de l’intolérance et de l’ignorance, ce sont la Culture et l’Éducation Nationale qui sauveront notre démocratie fragile. Enfin, j’ai aimé redessiner des roses blanches comme pour rappeler l’hommage à Dominique Bernard et, en haut du Beffroi, je tenais à ajouter un peu de tendresse avec ce petit lion d’Arras qui tend une rose aux bataillons parachutés des écoles. »
Vous défendez la liberté d’expression et d'opinions. La mission est loin d’être terminée ?
« En tant que dessinateur, je constate que la liberté d’expression des dessinateurs du monde entier est de plus en plus menacée. Ce qui me paraît le plus grave, c’est la liberté d’opinion des citoyens, des Français qui est réellement menacée. Regardez à la télévision tous ces micro-trottoirs où les gens n’osent plus dire ce qu’ils pensent, face a la caméra : et du coup, ils parlent et on leur film le nombril… On le constate régulièrement, il y’a des opinions qu’on a plus de mal à partager en société. Il est vrai que les réseaux sociaux n’ont pas arrangé la situation. »
Arras est meurtrie, Comment rebondir après ce drame ?
« Il faudra dire et redire le courage du professeur Dominique Bernard. J’ai créé en 2006 une association : Cartooning for Peace. Cette association réunit des dessinateurs chrétiens, juifs et musulmans. Il est urgent d’intervenir dans les écoles afin de partager des valeurs que vous connaissez bien mais qu’il faut réapprendre : la Liberté, l’Egalité, la Fraternité et aussi un mot, un peu plus utilisé récemment : empathie. Il existe des écoles comme à Trappes, où à côté des matières comme le calcul, l’histoire ou le français, on enseigne dans certains collèges l’empathie : c’est une matière à enseigner en priorité. »